Connexion
Mot de passe oublié Pas encore de compte ?

Les actionnaires de Credit Suisse et ses créanciers paient au prix fort le rachat par UBS

lundi 20 mars 2023 à 09h05
Les créanciers de Credit Suisse perdent leurs mises

(BFM Bourse) - Le prix accepté par UBS pour racheter sa concurrente traduit une décote de 59% sur le cours de l'action Credit Suisse de vendredi. Certains créanciers, eux, voient la valeur de leurs titres de dette être ramenée à zéro.

C'est donc un mariage de raison entre Credit Suisse et UBS qui a été acté. De raison car les autorités suisses ont fait grande pression pour pousser la deuxième banque du pays dans les bras de la première, invoquant la nécessité de préserver l'économie suisse et le système financier mondial.

Au final, donc, UBS accepte de racheter sa concurrente pour 3 milliards de francs suisses en titres. Une manœuvre qui ne s'est pas faite sans entorse à certains principes. "Selon nous, l'acquisition de Credit Suisse par UBS élimine les risques sectoriels immédiats, mais elle soulève également des questions", souligne Jefferies.

Tout d'abord, les actionnaires de Credit Suisse devront se contenter d'une opération qui valorise leurs actions à 0,76 franc suisse l'unité, contre un cours de clôture de 1,86 franc suisse. Soit une décote de 59%, d'où la chute du titre Credit Suisse à la Bourse de Zurich ce lundi. Dans les premiers échanges ce lundi vers 9h10, l'action Credit Suisse enregistrait un repli de 63%.

Si ces termes peuvent paraître peu attrayants pour les porteurs de Credit Suisse, le choix ne leur appartient pas. Le gouvernement suisse a, en effet, émis une ordonnance d'urgence qui permet à la transaction de s'effectuer sans que leur accord soit nécessaire.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Des créanciers moins bien traités que les actionnaires

L'autre fait marquant reste les pertes qu'essuient certains créanciers de Credit Suisse, c'est-à-dire les porteurs d'obligations AT1 du groupe. Ces titres de dette sont plus risqués que les habituels car ils se transforment automatiquement en actions si le ratio de capital de la banque passe sous un certain seuil.

Or la Finma, l'autorité de régulation des marchés en Suisse, a décidé que le soutien exceptionnel de l'Etat, via des garanties à l'opération, déclenchait un "amortissement complet de la valeur nominale de tous les emprunts AT1 de Credit Suisse pour un volume d’environ 16 milliards de francs". Comme l'expliquait très bien Credit Suisse dans son communiqué, cela signifie que la valeur de ces titres de créances passe à zéro.

Ce qui pose tout simplement un risque pour l'ensemble du marché de la dette. Car la décision des autorités suisses vient tout simplement remettre en cause une hiérarchie bien établie qui veut que les créanciers soient payés avant les actionnaires, car ils sont censés supportés moins de risques.

"Les porteurs d'obligations voient la valeur de leurs titres totalement effacées alors que ce n'est pas entièrement le cas pour les actionnaires, bien qu'ils soient normalement moins bien placés sur le plan de la solvabilité", observe Jefferies qui évoque un "élément négatif".

Pas si arrangeant pour UBS

L'opération s'avère-t-elle, a contrario, intéressante pour UBS? La direction du groupe s'est efforcée, dimanche soir, d'assurer que les termes de l'opération étaient "attrayants" et créeraient ainsi de la valeur pour ses actionnaires.

Mais il faudra être patient. La direction d'UBS estime que le rachat de la concurrente aura un impact positif sur son bénéficie par action à compter de… 2027. A plus court terme, l'impact devrait être négatif avec "l'émission de nouvelles actions (nous calculons environ 5%) et la consolidation d'une entité (Credit Suisse) qui est actuellement largement déficitaire", souligne Jefferies .

De plus, l'opération va entraîner la suspension du programme de rachats d'actions de Credit Suisse.

"L'acquisition de Credit Suisse par UBS semble attrayante sur le papier à plus long terme et s'accompagne d'un certain nombre de mesures de soutien destinées à pallier l'incertitude à court terme (lignes de liquidité, tampons supplémentaires contre les baisses de valeur, pas de problèmes de concurrence, pas d'approbation des actionnaires)", juge Royal Ban of Canada.

"Néanmoins, nous pensons qu'il est peu probable que ce soit la voie préférée d'UBS, mais il semble qu'il s'agisse d'une mesure nécessaire non seulement pour les banques suisses, mais aussi pour l'ensemble du secteur bancaire mondial", nuance-t-elle.

Julien Marion - ©2024 BFM Bourse
Votre avis
Portefeuille Trading
+301.40 % vs +64.30 % pour le CAC 40
Performance depuis le 28 mai 2008

Newsletter bfm bourse

Recevez gratuitement chaque matin la valeur du jour