Un ancien « Livre des Morts » vieux de 3 500 ans retrouvé dans un cimetière égyptien

Publié le 04 Nov 2023 à 11H00 Modifié le 4 novembre 2023
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Des fouilles récentes à Tuna al-Gebel, en Égypte, ont révélé un papyrus ancien, le « Livre des Morts », datant de 3 500 ans. Ce document, essentiel pour comprendre les rites funéraires égyptiens, était utilisé pour guider les défunts dans l'au-delà. Sa préservation exceptionnelle offre aux chercheurs une source précieuse d'informations, renouvelant ainsi notre compréhension des croyances et pratiques de l'Égypte ancienne.

L’Égypte, riche de son histoire plurimillénaire, n’a de cesse de surprendre le monde par ses découvertes archéologiques. Récemment, des archéologues ont mis au jour un papyrus exceptionnel, connu sous le nom de « Livre des Morts », au sein d’un cimetière datant de 3 500 ans à Tuna al-Gebel en Égypte centrale. Il est rempli de sorts destinés à guider les défunts dans l’au-delà. Ce rouleau offre un nouvel éclairage sur les croyances et les pratiques funéraires de l’Égypte ancienne. Il a été révélé dans le cadre d’une présentation des dernières découvertes archéologiques du cimetière, et relayé par le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités dans un communiqué du 15 octobre.

Tuna al-Gebel : Un miroir de la grandeur égyptienne cachant un « Livre des Morts »

Tuna al-Gebel est un site archéologique, témoignant du Nouvel Empire, qui s’est étendu de 1550 à 1070 avant notre ère. Durant cette période, l’Égypte a connu un essor sans précédent, tant sur le plan politique qu’économique, culturel et religieux. Les pharaons de cette époque, tels que Ramsès II ou Hatchepsout, ont laissé une empreinte indélébile. Ils ont érigé des monuments grandioses et développé des rites funéraires complexes.

La récente mise au jour d’un cimetière à Tuna al-Gebel témoigne de cette richesse culturelle. Les archéologues y ont découvert une variété d’objets et de restes qui offrent un aperçu des croyances et des pratiques de l’époque. Le « Livre des Morts », un papyrus orné de formules magiques et de sorts, en est l’exemple le plus frappant.

Mais Tuna al-Gebel ne se limite pas à ce papyrus. Le site a également révélé des momies en excellent état de conservation, témoignant des compétences avancées des embaumeurs égyptiens. Les sarcophages, souvent ornés de scènes détaillées et de hiéroglyphes, reflètent le statut et les croyances du défunt.

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Le « Livre des Morts » : Un guide pour l’éternité

Ce papyrus, d’une envergure rarement égalée (entre 13,1 et 14,9 mètres) est un témoignage précieux des croyances des Égyptiens. Son nom évoque la fin de la vie. Mais il pourrait être plus justement traduit par « Livre de la Sortie au Jour ». Il symbolise en effet la renaissance à la lumière du jour éternel de l’âme du défunt.

Ce document regroupe en fait une série de textes rituels, d’incantations et de formules magiques. Chaque formule avait une fonction spécifique, guidant l’âme du défunt à travers les différentes étapes de l’au-delà.

Il faut savoir que chaque « Livre des Morts » était unique, adapté aux besoins et aux désirs du défunt. Certains chapitres étaient choisis en fonction de la vie du défunt, de ses réalisations ou de ses craintes concernant l’au-delà. Ces textes étaient souvent inscrits avec soin sur le papyrus par des scribes spécialisés. Le document était ensuite placé avec le défunt, souvent à proximité de son cœur, pour l’accompagner dans son voyage vers l’éternité.

De nombreux exemplaires de ce texte ont été découverts au fil des ans. En effet, il est assez courant de trouver des fragments ou copies de ce livre dans diverses collections ou musées. Cependant, tomber sur un exemplaire encore dans sa tombe d’origine, placé il y a des millénaires, est exceptionnel. Cela offre une perspective unique sur les rites funéraires et la manière dont les Égyptiens envisageaient la mort et l’après-vie.

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Un « Livre des Morts » qui a guidé des momies de haut rang

Le cimetière de Tuna al-Gebel a révélé des momies qui témoignent de la hiérarchie sociale et religieuse de l’Égypte ancienne. Parmi ces momies, certaines appartenaient manifestement à des individus de haut rang. Une des plus notables est celle qui serait identifiée comme la fille de Djehuty. Djehuty, grand prêtre du dieu Amon, occupait une position prestigieuse dans la société égyptienne, servant le dieu associé au soleil et à la création.

La découverte de la momie d’une chanteuse du temple d’Amon est également remarquable. Ces chanteuses jouaient un rôle essentiel dans les rituels religieux, utilisant la musique pour vénérer et apaiser les dieux.

Un cercueil est ouvert lors d’une conférence de presse, révélant une momie. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

La présence de sarcophages en pierre, enveloppant les cercueils en bois, témoigne de la volonté d’assurer une protection maximale au corps du défunt. Ils garantissaient ainsi sa préservation pour l’éternité. Souvent ornés de hiéroglyphes et d’images des dieux, ils étaient un moyen de communication avec le monde des divinités.

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Des objets funéraires pour compléter le « Livre des Morts »

Outre les momies, le site a dévoilé une panoplie d’objets funéraires. Ils offrent un aperçu des rituels de sépulture et des croyances associées à la mort et à l’au-delà. Les canopes en albâtre, finement sculptés, sont particulièrement significatifs. Ces jarres étaient essentielles dans le processus de momification. Elles servaient à conserver les organes vitaux du défunt, comme le cœur, les poumons, le foie et les intestins. Les Égyptiens plaçaient chaque organe dans une jarre dédiée, souvent associée à une divinité protectrice.

Ces canopes nouvellement découverts contenaient des organes du défunt. © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

De plus, le site regorgeait d’amulettes, petites figurines ou objets portés pour leur pouvoir protecteur. Les Égyptiens plaçaient souvent ces amulettes entre les bandelettes des momies pour assurer protection et bienveillance dans l’au-delà. Les figurines « shabti » étaient conçues comme des serviteurs pour le défunt. Selon la croyance, elles s’animaient dans l’au-delà pour accomplir les corvées à la place du défunt. Elles lui assuraient ainsi un repos éternel sans tracas.

Les figurines Shabti (également appelées Ushabti). © Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

Ces découvertes sont exceptionnelles. Le ministère a publié peu d’informations sur le parchemin. La publication officielle, attendue avec impatience, fournira ces détails. Elle permettra aux égyptologues de déterminer l’importance exacte de ce papyrus.

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Source : Ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités

À propos de l’auteur
Laurie Henry
Laurie Henry
Diplômée du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris dans le domaine de la biodiversité, Laurie Henry est rédactrice scientifique indépendante. Elle s’intéresse à tout ce qui touche au monde de la science, de la biologie aux dernières technologies, à l’espace, en passant par les avancées médicales et l’archéologie.
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