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Pascal Couchepin: "Le droit d'urgence, c'est la contrepartie de notre système suisse démocratique"

#Helvetica
#Helvetica: Pascal Couchepin / #Helvetica / 20 min. / le 22 avril 2023
Invité samedi de l'émission #Helvetica, l'ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin est revenu sur les engagements urgents que la Confédération a pris pour sauver Credit Suisse. Le droit d'urgence doit être réservé à des cas extraordinaires, "ce qui était le cas", et est "la contrepartie de notre système suisse démocratique".

Alors que la stratégie adoptée par le Conseil fédéral pour gérer la débâcle de Credit Suisse n'a pas obtenu l'aval du Parlement, l'ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin a relevé dans l'émission #Helvetica que le gouvernement a utilisé son droit d'urgence "pour faire face à une situation extraordinaire. Il l'a fait en collaboration avec le Parlement à travers la délégation des Finances. Ensuite comme de droit, il y a eu une discussion au sein du Parlement."

Président de la Confédération en 2008 lors du sauvetage d'UBS, Pascal Couchepin a encore soulevé que même si le droit d'urgence conféré par la Constitution est "une rupture des règles démocratiques ordinaires, c'est la contrepartie du système suisse qui est extrêmement démocratique". Mais en même temps, "même si personne ne conteste le bon travail de la conseillère fédérale en charge des Finances Karin Keller-Sutter dans ce rachat, nous ne pouvons pas demander au citoyen suisse de crier hourra, alors que le Conseil fédéral, sur son instigation mais ensemble comme autorité collective, a violé les règles ordinaires de la démocratie".

Les débats ont été vifs lors de la session extraordinaire du Parlement sur les garanties fédérales pour le rachat de Credit Suisse. "Mais ce débat a servi parce qu'il a montré que "les alternatives n'étaient pas nombreuses. Et personne n'en a proposé d'ailleurs. Cela m'a déplu de voir une alliance de la gauche et de la droite dure pour dire 'on veut avoir le droit de critiquer mais on ne veut pas avoir l'obligation de prendre des responsabilités'. Je trouve cela un peu lâche."

>> Lire : Le National désavoue le Conseil fédéral sur le rachat de Credit Suisse

Tenir compte de la réalité

Egalement interrogé sur les relations de la Suisse avec l'UE, le libéral-radical a estimé qu'il faut tenir compte de la réalité. "Nous sommes un petit pays, qui a 20 fois moins de PIB que l'UE (...). C'est une obligation pour un politicien suisse d'accepter la réalité des choses et notamment le poids de l'UE, qui est à la fois notre partenaire commercial le plus important et aussi l'organisation politique la plus proche du point de vue des valeurs".

Depuis notre refus définitif de l'accord-cadre avec l'UE, "nous avons de graves difficultés dans la recherche" et "nous constatons qu'en ce moment un accord en matière d'électricité serait utile comme avoir des amis plus proches", a-t-il encore indiqué.

C'est une obligation pour un politicien suisse d'accepter la réalité des choses et notamment le poids de l'UE

Pascal Couchepin, ancien conseiller fédéral

Concernant la question de la neutralité de la Suisse, "nous avons toujours été pragmatique", a jugé Pascal Couchepin. Maintenant, "en ces périodes d'inquiétude, nous réagissons soit en bloquant tout, soit en jetant tout". A l'image de l'initiative pour la neutralité lancée par Pro Suisse et défendue par Christoph Blocher. "C'est de l'archéologie, nous voulons revenir à quelque chose qui n'a pas existé. En fouillant, nous ne trouverons jamais le type de neutralité voulue par Christoph Blocher", conclut l'ancien conseiller fédéral.

>> Lire : La récolte de signatures lancée pour l'initiative sur la neutralité

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: France-Anne Landry

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