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"Le carnotzet mystère", aventure fantastique à l’accent vaudois

La couverture du livre "Le carnotzet mystère" de Guy Chevalley et Elodie Glerum. [Editions Favre]
Entretien avec Elodie Glerum et Guy Chevalley, auteurs de "Le carnotzet mystère" / QWERTZ / 24 min. / le 20 décembre 2022
Dans un univers digne des films de Jacques Tati, Elodie Glerum et Guy Chevalley jouent la carte du vintage et signent avec "Le carnotzet mystère", un roman bilingue français-allemand, tendre et drôle.

1962, Lausanne. Il se passe des choses étranges dans les sous-sols du bâtiment de l’assurance La Vaudoise, à l’avenue de Cour. S’agit-il d’un sabotage des "rouges"? M. Sinistre, employé modèle et jeune père de famille un poil conservateur (mais pas trop), mène malgré lui l’enquête.

"Le carnotzet mystère" est une commande qui a émané de la commission artistique de La Vaudoise. Durant la pandémie du Covid 19, lorsque la Suisse s’est retrouvée confinée, la célèbre assurance a souhaité offrir à son personnel un feuilleton littéraire, dont ils ont confié l’écriture à Elodie Glerum et Guy Chevalley, membres du collectif littéraire l’AJAR.

Un contexte historique réaliste

Pendant cinq mois, le personnel a ainsi pu découvrir chaque semaine dans sa boîte mail un épisode des "Aventures de M. Sinistre", employé fictif de l’assureur, menant l’enquête dans le bâtiment conçu dans les années 1950 par le célèbre architecte suisse Jean Tschumi, qui imaginera plus tard le bâtiment de Nestlé à Vevey et celui de l’OMS à Genève.

Un décor futuriste typique du mouvement d’architecture corporate, né aux Etats-Unis, et où tout était fait pour favoriser l’efficacité au travail: cafétéria d’entreprise, bureaux en open space et service collectif de café par les secrétaires, entre autres. Et pour que l’ambiance colle à la réalité historique, la commission artistique de La Vaudoise n’a pas hésité à ouvrir les portes de ses archives.

Nous avons beaucoup travaillé pour intégrer M. Sinistre dans son contexte historique, pour savoir à quoi pouvait ressembler sa vie, à quoi ressemblait la ville à cette époque, et prendre aussi en compte le progrès que le bâtiment de la Vaudoise représentait.

Guy Chevalley et Elodie Glerum

Coup double

Ce décor, témoin d’un âge tout entier dévoué au progrès et pourtant encore très arriéré en matière de droit des femmes (par exemple, lorsque deux employés de la Vaudoise se mariaient, on congédiait poliment madame pour qu’elle reste à la maison), est l’occasion pour Elodie Glerum et Guy Chevalley de poser un récit sur deux époques: les années 60 de Jean-Charles Sinistre d’une part, et l’approche des années 2020 pour Cosima Sinistre, sa petite-fille, également employée de l’assureur, d’autre part.

Si Jean-Charles n’aime ni Joan Baez, ni les communistes, il ne s’oppose pas totalement aux visions progressistes de son épouse Gabi, en qui certains de ses collègues voient une dangereuse féministe. Cosima pour sa part semble avoir hérité de l’esprit professionnel de son grand-père, tout en rechignant à s’installer dans le confort d’une relation.

Le mystérieux carnotzet permettra-t-il à l’aïeul de communiquer avec sa petite-fille, afin qu’ils puissent résoudre ensemble l’enquête? Mystère et boule de gomme pourrait être la réponse la plus appropriée à cette question.

Aujourd’hui la pandémie semble derrière nous, et le "Carnotzet Mystère" paraît sous la forme d’un roman bilingue, traduit par Sabrina Schärli, pour les employés germanophones de l’assureur. Dans le même ouvrage sont donc réunies la version française d’un côté, et l’allemande de l’autre, tête-bêche. Au milieu du livre, des photos d’archives de La Vaudoise sont agrémentées de légendes correspondant à l’intrigue. Une sorte d’interlude parfait pour savourer un riz casimir entre deux sessions de lecture.

Ellen Ichters/aq

Guy Chevalley et Elodie Glerum, "Le Carnotzet mystère", ed. Favre

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