Agriculture : pourquoi la France a perdu 2 millions de bovins en cinq ans

C'est un symbole de notre patrimoine. Selon une enquête de RTL, les exploitations agricoles françaises ont perdu 463.000 bovins depuis l'année 2021 et deux millions depuis 2017.

La vache du camembert : 30% du troupeau a disparu en 10 ans. La Prim'Holstein, la noire et blanche qu'on voit partout, toute maigre avec un pis énorme : 200.000 de moins. Les troupeaux, qui servent à faire le lait se réduisent, et ceux pour la viande aussi. La Charolaise - toute blanche et que l'on voit en Bourgogne - et la blonde d'Aquitaine se font plus rare dans les campagnes. Il reste dans le troupeau français 17 millions de bovins. 

Est-ce dû à une moindre de consommation de viande et de lait ? Oui, en partie. Surtout pour la viande. La tendance vegan, qui se développe, a entraîné une chute de la consommation de l'ordre d'une dizaine de points, mais la consommation ne baisse pas autant que le nombre de vaches. Ce sont plutôt les difficultés du métier, les coûts de production supérieurs à ceux des concurrents qui sont à l'origine de ce dépeuplement bovin. Les éleveurs ne s'en sortent pas. Ces derniers temps, ils supplient la grande distribution d'augmenter les prix dans les rayons. Dans certains cas, les éleveurs abandonnent - 100.000 fermes ont fermé en dix ans - ou se reconvertissent dans les grandes cultures. Il est plus rentable de cultiver du tournesol que de mettre des vaches sur pâturage. 

La sécheresse n'a rien arrangé

Quand vous ne pouvez plus nourrir vos animaux, qu'il n'y a pas assez pour tout le troupeau, vous en vendez une partie. C'est plus rentable pour un éleveur de vendre ses plus vieilles vaches pour le marché du steak haché, que de continuer à faire du lait.

Du coup, si le nombre de vaches diminue, le risque d'importation n'est plus une vague hypothèse, puisque c'est déjà le cas. La France, autrefois grand pays producteur de viande, importe 25% de ce qu'elle mange, surtout depuis la Belgique, des Pays-Bas, d'Espagne et d'Allemagne. Dans ces pays, les éleveurs sont mieux rémunérés et résistent un peu mieux. Donc, si on veut garder des vaches, des fermes et surtout des agriculteurs en France, il faudrait que les prix remontent.

Pour autant, la France exporte aussi. Tout cela est lié à une question de goût. Nous Français, on mange des femelles. Ce qu'on appelle le bœuf dans les rayons... Et bien, c'est de la vache. Alors que les Italiens, eux, préfèrent le gout des mâles, car un peu plus fort. Ainsi, on exporte nos jeunes mâles et on importe de plus en plus de femelles.

Moins de quantité, mais plus de qualité ?

Une prévision réalisée pour la profession de l'élevage table sur la perte de 500.000 vaches d'ici à 2030 et comme la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans, en 2030, ils seront proches de la retraite. Aujourd'hui, quand six éleveurs s'arrêtent, un seul jeune s'installe. S'il n'y a pas assez de jeunes qui s'installent, le nombre est quand même en progression : 2000 par an.

Les petites races -  qui offrent un lait ou une viande de qualité -  se développent : Aubrac, Salers, Limousine pour la viande ; pour le lait on peut évoquer les Jersiaises - qui font un meilleur lait avec plus gras plus de protéines -, la Bretonne pie noir (une race qui va faire des yaourts et du lait de grande qualité). Une fois encore, la qualité paye encore. Cela correspond peut-être à ce qu'aiment les consommateurs, manger moins de viande, mais qu'elle soit meilleure.

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