Le vocabulaire des albums de Martine s'est-il appauvri depuis les premières éditions dans les années 60 ?

La couverture ci-dessus n'est pas issue d'un véritable album de Martine. Elle a été créée à l'aide du "générateur de couverture Martin" proposé par le site retourdemartine.free.fr.

© retourdemartine.free.fr / Casterman - Gilbert Delhaye - Marcel Marlier

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Par Am.C.

Tout est parti d’un message sur les réseaux sociaux, massivement partagé ces derniers jours. "Martine texte de 1968 et la version actuelle…" En dessous, on trouve deux photos : l’une montrant un texte riche en descriptions, l’autre beaucoup plus simplifiée.

En dessous de la publication, des dizaines de commentaires s’indignent de l’appauvrissement du vocabulaire entre les deux éditions de l’ouvrage. Certains rappellent même que ce n’est pas la première fois dans le monde de l'édition jeunesse. En 2011, un blogueur relevait en effet des différences considérables entre deux versions du "Club des cinq" d’Enid Blyton. Un débat qui est depuis régulièrement revenu au-devant de l’actualité.

Mais la situation est-elle la même dans ce cas-ci ? Les éditions Casterman auraient-elles abandonné le texte original de Gilbert Delhaye pour le remplacer par une version au lexique appauvri ?

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Les deux versions existent bel et bien… Mais elles ne s’adressent pas au même public. La photo de gauche est issue de "Martine petite maman" publié en 1963 ; celle de droite provient de "Martine garde son petit frère" sorti en 2016. Comme le précise Céline Charvet, directrice éditoriale chez Casterman Jeunesse citée par 20minutes.fr, ce n’est pas le même public qui est visé.

Deux éditions qui cohabitent

"Les lecteurs sont plus jeunes. Avant, on lisait Martine à sept ans. Maintenant, on la lit à quatre ans. Nous avons décidé de faire réécrire le texte de Martine pour gommer les stéréotypes qui avaient le plus vieilli, faire évoluer certaines formules ou prénoms qui n’étaient plus usités et raccourcir le texte pour qu’il puisse être lu le soir aux enfants comme une histoire", ajoute-t-elle. Les illustrations originales imaginées par le Mouscronnois Marcel Marlier n’ont, dans ce cas-ci, pas été modifiées.

Comme on peut le voir en comparant les éditions sur le site de Casterman, dans la version de 1963 le petit frère de Martine s'appelle Alain. En 2016, il est devenu Paul. Certaines phrases ont totalement disparu, d'autres ont été conservées. Dans les années 60, il est aussi question d'un "canard en celluloïd" qui a disparu quelques années après. Le "on" impersonnel a lui aussi été supprimé.

Du côté de Casterman, on met aussi en avant l'évolution de la société et certains stéréotypes liés à la maternité. "Avec 'Petite maman', vous êtes complètement dans le stéréotype. Là, avec 'Garde son petit frère', on est beaucoup plus avec quelque chose en phase avec le monde d’aujourd’hui", complète Céline Charvet à nos confrères de 20 Minutes.

La version originale est donc toujours éditée. Sur le site internet de Casterman elle est proposée pour un public "de 5 à 9 ans" et est présentée comme "un retour aux sources pour les nostalgiques de la série". Car, expliquait grazia.fr en 2017, chez Casterman on voit dans Martine "un enjeu de transmission très fort" d'une génération à l'autre.

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