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Des plantes au parfum, des voyages, des inspirations culinaires ou botaniques

Madagascar 1: poivre et litchis

Tamatave (Toamasina) et un peu plus au nord Fenerive est (fenearivo) sur la côte est de l'île. La facture du Centre techique agricole retrouvée dans mes papiers
Tamatave (Toamasina) et un peu plus au nord Fenerive est (fenearivo) sur la côte est de l'île. La facture du Centre techique agricole retrouvée dans mes papiers

Tamatave (Toamasina) et un peu plus au nord Fenerive est (fenearivo) sur la côte est de l'île. La facture du Centre techique agricole retrouvée dans mes papiers

 

 

MADAGASCAR

Décembre 2004.

Toamasina disent les Malgaches pour désigner le port de Tamatave. La ville posée sur la côte est de l'île possède un charme étrange. Quelques bâtiments, des idées dans l'ordonnancement des rues où passent des pousse-pousse, des enseignes viennent évoquer le passé colonial. Rien ne semble avoir changé depuis le départ des Français en 1959. L'hôtel Joffre notamment, qui raconte ces temps anciens, en affichant sa suffisance sur la terrasse où l'on trinque au pastis. Une intense nostalgie imprègne la ville métisse qui mêle autochtones et Européens, Indiens et Chinois. Après quelques jours, cette séduction indéfinissable vous entraîne et vous met au pas des tropiques. Soleil insensé, pluies si fortes et si éphémères qu'elles auraient, dit-on, la vertu de ne pas mouiller.

En décembre, Tamatave s'habille de rouge, c'est la saison des litchis que l'on vend en branches à Bazary Be, le grand marché de la ville. Si juteux et savoureux qu'ils renouvellent l'idée même de fruit tropical. Dans certaines rues, des parfums puissants et voluptueux viennent vous chatouiller les narines. Il suffit de pousser la porte de vastes entrepôts pour découvrir des dizaines d'ouvrières triant des montagnes de clous de girofle. Ce n'est pas un hasard si le Centre Technique Horticole a élu domicile dans ce port actif. Il intervient dans la culture des agrumes, des ananas, de la banane, des baies roses, de la vanille, de la cardamome et bien entendu du poivre. Sans être féru d'agriculture, quelques balades dans les environs de Tamatave font aussitôt réaliser que le pays a du chemin à faire. Pour l'heure, la mission du Centre Horticole en faveur du poivre sonne plutôt comme une déclaration d'intention :  "relance des plantations par l'amélioration et la diffusion de matériel végétal amélioré, appui technique et formation" ajoutant, "le développement du pays dépend du dynamisme agricole en faisant passer ce secteur d'une agriculture de subsistance vers une agriculture de marché." Vaste programme. En attendant, le Centre diffuse un manuel de vulgarisation de la culture du poivre cofinancé par la République Malgache et l'Union Européenne.

 

Tamatave n'est que le centre commercial. Pour trouver les plantations, il faut prendre la route du nord, la PK2, pour rejoindre Fenerive-Est, Fenearivo en malgache, ce qui signifie forêt de girofle. Cette cité qui concentre l'activité poivrière fut longtemps un port de pirate. Elle est aujourd'hui paisible, entourée d'une nature exubérante et la mer n'est plus peuplée que d'une armada de pirogues de pêcheurs. Jim-René le Chinois habite près de l'église dans une grande maison de bois sombre. Il doit avoir dépassé les 70 ans, il est noueux comme un pied de vigne et son regard absent semble ailleurs. Son métier? Collecteur d'épices. Il nous reçoit dans son salon encombré de fauteuils bâchés de housses transparentes en plastique, et s'ouvrant sur un joli jardin.

- Il y a 20 ans, la région produisait beaucoup de poivre, raconte-t-il. Aujourd'hui, c'est difficile. Avec la baisse des prix, bien des plantations ont arrêté et puis la jeune génération ne veut plus travailler.

Après quelques préambules, la confiance s'installe et l'on sent l'amertume dans les propos de Jim. Originaire de Canton, il y a encore de la famille. Voilà une dizaine d'années, il a fait le voyage en Chine pour rencontrer ses cousins, dont un ancien garde rouge qui a fait fortune dans l'immobilier.

- Avant c'était moi qui leur envoyais de l'argent. Aujourd'hui, ce sont eux qui me font vivre. Je n'ai pas fait le bon choix.

Tout au long de sa vie, Jim-René a collecté les épices. Il lui fallait suivre les pistes défoncées pour rejoindre les villages où acheter des lots de poivre et de girofle.

- Un travail exigeant, les propriétés sont parcellisées, les quantités d'épices modestes, pas toujours de bonne qualité en raison de séchages souvent défectueux mais il fallait bien gagner sa vie.

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M
Quel souvenir pour moi, Tamatave, son odeur de girofle partout qui imprégnait même nos corps, le Joffre et son restaurant où le personnel en grand blanc s'y croyait encore, le maître d'hôtel venu en personne me montrer la boîte de sardines posée sur un plateau d'argent massif alors que je ne croyais pas que les sardines à l'huile vendues un prix astronomique à la carte étaient en boîte, les pirates du port qui voulaient nous emmener à l'île Ste Marie non desservie à l'époque ...<br /> Tout une époque!<br /> <br /> Curieusement je n'y avais pas vu de poivre tant le girofle était prédominant. Ce monsieur chinois aussi file le bourdon!
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V
Cet hôtel Joffre était incroyable, comme figé à une autre époque par un tour de magie. Mais qu'est-ce qu'on y mangeait bien!
A
Ce Jim -René est un personnage de film, un homme à la Conrad (ou est- ce le prénom Jim?) <br /> On sent sa mélancolie et celle de ce pays peu ou prou à l'abandon.<br /> Et les branches de litchis.........Voyager apporte un dépaysement et fait appel aux 5 sens...........
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V
Il nous avais dit s'appeler Jim-René, je suppose que c'était son prénom. Les litchis frais, c'est uen vraie merveille.