Passages répétés de sangliers sur sa propriété: comment réagir?

La sécheresse aidant, les animaux sauvages cherchent activement de quoi boire et manger, au risque de s’approcher de très près de l’homme. Comment réagir face à un sanglier? Doit-on le signaler? Quel levier actionner si la situation devient dangereuse? Pour y répondre, nous nous sommes rapprochés des services de la préfecture des Alpes-Maritimes ainsi que d’un lieutenant de louveterie.

Gaëlle Belda Publié le 09/08/2022 à 19:00, mis à jour le 09/08/2022 à 19:00
Ils labourent la terre à la recherche de vers, fouillent jusqu’à dénuder les racines des arbres, déplacent des pierres de taille pour dénicher de petits escargots, cassent des restanques, etc. (Photo Camille Dodet)

Si nos deux départements sont concernés, Nice est particulièrement touchée par le problème: la population de mammifères sauvages “sus scrofa" y est étoffée depuis plusieurs années. Les collines sont quotidiennement traversées par des familles de sangliers en mal d’eau et de nourriture.

Ils labourent la terre à la recherche de vers, fouillent jusqu’à dénuder les racines des arbres, déplacent des pierres de taille pour dénicher de petits escargots, cassent des restanques, etc. Ils se rafraichissent dans les mares d’ornement et les piscines. La sécheresse semble amplifier encore davantage le phénomène, même si aucune étude officielle ou comptage n’a été effectué.  

Réguler cette population via la chasse? Difficile, étant donné la densité urbaine: les chasseurs - qui opèrent, cette année, entre le 15 septembre 2022 et le 31 mars 2023 - ne sont pas autorisés à tirer à moins de 50 mètres d’une habitation. 

Des battues administratives sont régulièrement diligentées afin de limiter la casse. Mais elles ne résolvent pas complètement le souci. 

Du coup, comment réagir si l’on se retrouve face à un sanglier? A qui le signaler et à quelles fins? Peut-on se prémunir de ses passages? Autant prévenir le risque et connaître les règles… puisqu’il est clair qu’il va falloir cohabiter pour une durée indéterminée.

Savoir à qui on a affaire

Ils se rafraichissent dans les mares d’ornement et les piscines! (Photo DR).

"Le nombre de signalements quotidiens sur l'ensemble du département démontre que la population de sangliers se porte bien"”, confirme-t-on du côté de la sous-préfecture Nice-montagne, de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et du service départemental de l'office français de la biodiversité. 

Avant de détailler: "Le sanglier n'est pas une espèce dangereuse mais comme tout animal sauvage, son comportement n'est pas prévisible, il est sage de ne pas s’en approcher."

D’autant que la bête est futée. Le type de sanglier que l’on trouve sur nos terres, dit d'Europe, sanglier d'Eurasie ou juste sanglier, est une espèce de mammifères omnivores, forestiers de la famille des Suidés. On parle aussi d’espèce “ingénieur”, parce qu’en mesure de développer des stratégies d'adaptation à la chasse. 

Pierre Binaud, président des lieutenants de louveterie du 06, complète: "Il faut savoir que la zone sur laquelle le marcassin est emmené par son parent, et où il a trouvé de la nourriture, restera sa zone à vie. Il m’est arrivé de suivre les animaux avec un radar, etc., pour analyser cela, et c’est le constat. Ils passent toujours aux mêmes endroits."

Lui et ses pairs conseillent, préviennent et interviennent sur site par sollicitation des services départementaux. Ils peuvent aller jusqu’à la destruction administrative de l’espèce. Ils sont 41 bénévoles dans les Alpes-Maritimes.

Protéger sa propriété

Pour se prémunir de l'intrusion de sangliers sur sa propriété ou dans son potager, il est indispensable de clôturer efficacement son bien avec une clôture fixe solide ou une clôture électrique bien entretenue. (Photo Franz Chavaroche).

On a bien entendu parler du pipi sur la clôture, ou de la dispersion de cheveux pour marquer le territoire de l’homme et ainsi repousser l’animal sauvage… mais il en faudrait davantage pour stopper une bête affamée. La première règle étant de ne pas lui donner à manger.

Les services départementaux concernés l’assurent: "Beaucoup de gens les alimentent sciemment. Rappelons que le nourrissage de la faune sauvage est strictement interdit et passible d'une contravention de 4e classe au titre du code de l'environnement." Et ce n’est pas pour rien. Le sanglier et toute la petite famille reviendront forcément sur les lieux pour réclamer leur dû. N’hésitant pas, donc, à s’approcher de l’homme… puisque c’est lui qui lui qui fait le service. 

Les croquettes ou la pâtée des animaux domestiques, laissées à l’extérieur sont également ciblées. Comme tout ce qui se mange et que l’on aura jeté dans le jardin à destination des fourmis, des oiseaux et autres gourmets de petit gabarit. Il faut clairement veiller à ne pas titiller les papilles omnivores d’un animal qui peut peser jusqu’à 100 kilos. Et qui a du flair!

Les fruits qui tombent des arbres  sont aussi des appels aux visites nocturnes répétées: il faut les ramasser..

Si l’on ne peut pas tout clôturer, au moins protéger ce qui doit l’être.

La DDTM poursuit: "Pour se prémunir de l'intrusion de sangliers sur sa propriété ou dans son potager, il est indispensable de clôturer efficacement son bien avec une clôture fixe solide ou une clôture électrique bien entretenue. Il arrive que les portails restent ouverts: nous conseillons de les garder fermés, de jour comme de nuit."

Le lieutenant de louveterie, Pierre Binaud, précise: "Beaucoup me disent: ma campagne est grande, je ne peux pas tout clôturer! Ce que je conçois pleinement. Dans ce cas, il faut se concentrer sur ce que l’on souhaite protéger. Son potager, par exemple. Et je recommande une clôture électrique avec trois fils et une prise de terre."

Il précise aussi que mieux vaut ne pas arroser sa terre en soirée. L’humidité les attire, les vers sont plus facilement accessibles. Ne parlons pas de la fosse septique mal gérée et qui déborde… ils adorent se rouler dedans. 

Face à lui, rester calme

"Je suis lieutenant de louveterie depuis vingt ans et j’assiste toujours aux mêmes choses: les gens trouvent les marcassins très mignons, ils n’ont pas peur, s’en approchent, les prennent en photo. Mais quand ils deviennent adultes, ce n’est plus la même histoire. Même si je continue d’entendre des personnes se vanter d’avoir pu les toucher…" Pierre Binaud marque une pause. Avant d’enchaîner: "Le sanglier est un animal sauvage et on ne doit pas s’approcher d’un animal sauvage. Globalement, il est plutôt craintif. Mais s’il se sent menacé: il charge."

Qu’est-ce qui pourrait l’effrayer et l’inciter à foncer? Difficile de savoir. On sait qu’une mère accompagnée de ses petits pourrait très vite réagir. On ne doit ni crier, ni paniquer, ni se mettre à courir comme un dératé. On reste calme, silencieux et on se pousse du passage. 

Les services départementaux reconnaissent qu’il y a des "dégâts" conséquents sur les propriétés mais qu’il n’y a pas d’accidents graves de personnes. ils martèlent: "Il faut retenir que face à un sanglier, on ne tente rien."

J’estime qu’il y a danger: je le signale

Une cage piège, comme celles que sont habilités à poser les lieutenants de louveterie. (Photo Franck Fernandes).

Signaler le passage d’un ou de plusieurs sangliers sur son terrain n’est pas obligatoire. Aucune réglementation ne l’impose. En revanche, si les passages sont répétés, qu’il y a de la casse, une proximité trop grande et potentiellement du danger, une procédure existe.

"Si malgré toutes les précautions et les actions de prévention mises en œuvre, des sangliers pénètrent régulièrement dans votre propriété, y occasionnent des dégâts ou créent un risque de collision sur la route, vous pouvez consulter le site des services de l’État, rubrique politiques publiques, agriculture forêt et espaces naturels, chasse et faune sauvage, louveterie. Vous y trouverez le contact du lieutenant de louveterie responsable de votre secteur." Il est aussi possible de se signaler par mail

La sous-préfecture, la DDTM et  l'office français de la biodiversité détaillent: "Les lieutenants de louveterie bénévoles sont les conseillers cynégétiques de l'administration et sont habilités à conseiller et à apporter une réponse. Le tout sous couvert d'une autorisation visant la destruction administrative de l'espèce concernée." 

Nous donnons la priorité aux agriculteurs.

En sommes, ils sont autorisés à prélever des sangliers sur des zones qui leur auront été indiquées et à les abattre. Même si le "prélèvement" s’effectue à l’aide d'une cage piège - donc, sans coup de feu, etc., la finalité est toujours la même. 

Les lieutenants sont des agents assermentés, renouvelés tous les 5 ans, et habilités également à relever des infractions. Comme le nourrissage d’animaux sauvages, par exemple… 

Le président des lieutenants reconnaît que le téléphone ne cesse de sonner. "Nous sommes quotidiennement sollicités là-dessus et nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes. Nous donnons la priorité aux agriculteurs."

A Nice, ils sont 5 à tourner un peu sur tous les quartiers concernés. C’est peu mais leurs actions, conjointement à celles de propriétaires avertis et rigoureux peuvent néanmoins porter des fruits… que les sangliers ne devraient pas, cette fois, être avides de goûter!


Pour ce nouvel épisode, nous vous donnons rendez-vous autour de la question suivante: "Comment préserver nos ressources en eau?" Un thème pour lequel vous avez voté en grande majorité le mois dernier, signe que la question vous préoccupe. Traquer les fuites d'eau, être économe dans sa vie quotidienne... Nous avons exploré les moyens de faire face dans une série de reportages disponibles ici.

Sur notre plateau, Nicolas Lassauque, agriculteur à Carros dans les Alpes-Maritimes et président de l’association Agribio06 détaille les techniques agricoles économes en eau qu’il applique déjà à son échelle.

Les journalistes du service, qui se sont lancé comme défi en début de dossier de réduire leur consommation d’eau reviennent également sur les stratégies mises en place tout au long du mois, aiguillées par Florence Clément, une experte de l’Ademe (Agence de la transition écologique).

Enfin, nous vous emmènerons faire une balade rafraîchissante le long de canaux séculaires. Ils maillent la vallée de la Vésubie et acheminent de l’eau non potable dans les jardins de particuliers. Cette vallée de l’arrière-pays conserve ainsi sa réputation de Petite Suisse maralpine verdoyante tout en préservant les ressources d’eau potable.

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