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Pascal Couchepin demande du courage au Conseil fédéral, Adolf Ogi du temps

Tout en divergeant de stratégie pour sortir le dossier européen de l'impasse, deux anciens conseillers fédéraux tombent d'accord pour critiquer le gouvernement.

Pascal Couchepin, ancien Conseiller fédéral, pose pour le photographe sur le site de l’Université de Lausanne, le mercredi 20 mai 2015. — © Keystone
Pascal Couchepin, ancien Conseiller fédéral, pose pour le photographe sur le site de l’Université de Lausanne, le mercredi 20 mai 2015. — © Keystone

Comment sortir la Suisse de l’impasse dans le dossier européen? Ce mercredi à Berne, l’Association suisse de politique étrangère avait appelé les deux anciens conseillers fédéraux Adolf Ogi et Pascal Couchepin à la rescousse. Le débat s’est avéré plus animé que prévu. Les deux hommes ont divergé sur la stratégie à adopter, mais sont tombés d’accord pour critiquer le gouvernement sur la manière dont il pilote le dossier.

«Il faut dire la vérité au peuple, cela demande du courage», a tonné Pascal Couchepin. Pour lui, une chose est sûre. A la suite de la décision du peuple de limiter l’immigration le 9 février 2014, le Conseil fédéral est placé devant une «mission impossible à remplir», à savoir respecter la volonté du souverain en introduisant des contingents tout en sauvant la voie bilatérale. «Parler vrai» dans ce contexte, c’est constater que le peuple «a commis une erreur politique» voici deux ans.

«Une pause de sept à huit ans»

En termes plus diplomatiques, Adolf Ogi a lui aussi critiqué le Conseil fédéral: «Il faut du leadership et une bonne communication», a-t-il martelé. Puis il a stupéfié l’auditoire en reprenant une formule chère à François Mitterrand, le président français qu’il avait invité personnellement dans son village natal de Kandersteg: donner du temps au temps. «Il faut observer une pause de réflexion de sept à huit ans dans ce dossier», suggère Adolf Ogi. «Cela permettrait aussi de voir si notre partenaire évolue vers une Europe à deux vitesses et d’adapter la stratégie en conséquence».

Là, Pascal Couchepin a secoué la tête. «Dölfi, tu oublies le délai fixé par l’initiative de ton propre parti», a-t-il corrigé. Si le 9 février 2017, le Conseil fédéral n’a pas trouvé d’accord avec l’UE, il doit mettre l’initiative en œuvre par voie d’ordonnance. Pour le Valaisan, le Conseil fédéral doit provoquer une nouvelle votation pour obtenir une plus grande marge de manœuvre face à Bruxelles.

Ce débat l’a montré une fois encore. Même les deux hommes qui ont bâti puis connu les heures de gloire de la voie bilatérale n’ont pas de solution miracle pour la sauver du péril qui la menace. La votation de ce week-end sur l’initiative UDC de mise en œuvre contre les étrangers criminels constituera un test important. En la rejetant, le peuple donnerait au Conseil fédéral le signal qu’il tient à une solution constructive avec l’UE.