Des chiens accueillent le visiteur et un grondement assourdissant rapelle que le ponçage est la base de l'entretien d'un bateau. La « Ferme des Muscadets », à Saint-Méloir-des-Ondes abrite en hivernage ou en réparation une mer de coques. Rien que des Muscadets. À bâbord, à tribord, partout : les coques en bois de ce 6,40 m habitable s'alignent. « Il y en a plus de 50 », commente Fabrice Leffray, tenant d'une tradition qui se transmet depuis deux générations. « Je donne un coup de main de temps en temps, mais tout a vraiment commencé en 1998 », explique le maître des lieux. « Mon père, qui était agriculteur, a vu des navigateurs frapper à sa porte pour savoir si on pouvait faire hiverner des bateaux dans la ferme ». Au départ, il y avait quatre bateaux. Mais aujourd'hui, la notoriété de « La ferme aux Muscadets » dépasse les frontières : « On nous amène des bateaux de Belgique », poursuit Fabrice. « Et bientôt quelqu'un vient de Marseille pour retaper le sien ».
Co-working à la sauce nautique
Le concept est unique en France, « sous cette forme », précise encore Fabrice qui repousse le mot « chantier ». « Ici, on fait de la retape et de la bricole, on s'échange des conseils, des techniques, des savoir-faire », ainsi que des contacts de professionnels du métier « gréements, charpentes, etc. ». L'espace co-working à la sauce nautique. En partance pour le port des Bas-Sablons, ce dimanche, Fabrice ne fait que passer, avant de sortir en mer, lundi. À ses côtés, un plaisancier intéressé est venu voir un spécimen refait à neuf.
« Plaisir »
Le Muscadet a démocratisé la voile en France, la rendant accessible à tous les budgets. Aussi appelé la « 2 CV ou la 4 L des mers », ce sympathique quillard autorise même de traverser l'Atlantique. Il dispose de quatre couchettes. Et ll est aussi le chouchou des régatiers comme l'explique Fabrice : « Sur la ligne malouine, c'est un des bateaux les plus présents dans la flotte de régates ». « On se bagarre », rajoute-t-il, « en se prenant peut-être moins la tête que certains skippers. Autour de nous, il y a surtout beaucoup de convivialité et de plaisir ». Lui-même propriétaire d'un Muscadet, Fabrice a baptisé son bateau, Plijadur. « Plaisir », en breton. On s'en doutait presque.