Son nom figurait sur les listings Clearstream : l'ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, Dominique Ambiel, interrogé le 15 septembre par les juges d'instruction d'Huy et Pons, a avancé une explication politique à sa mise en cause, en insistant sur sa "grande proximité avec le premier ministre (d'alors), Jean-Pierre Raffarin". Un détail accrédite cette analyse : inscrit sur les tableaux remis en novembre 2003 par Jean-Louis Gergorin au général Philippe Rondot, le nom de M. Ambiel n'apparaissait plus sur les listes adressées par le même M. Gergorin au juge Van Ruymbeke, en mai 2004. Entre-temps, il avait dû quitter Matignon, accusé d'avoir sollicité une prostituée mineure - affaire dans laquelle il s'était déjà interrogé sur le rôle joué par M. de Villepin.
"PHRASE INNOCENTE MAIS PRÉMONITOIRE"
Un an après sa démission, M. Ambiel avait publié un livre intitulé Fort Matignon (Plon, 2005), dans lequel il rapportait l'existence d'une note des RG annonçant la parution prochaine dudit ouvrage. Selon son récit, M. de Villepin, alors ministre de l'intérieur, s'était "indigné de cette dernière page" et en réclama la suppression à l'éditeur. Le passage incriminé contenait la phrase suivante : "Si toutes les "notes blanches" (...) sont de cet acabit, il y a de quoi frémir notamment quand sont cités pêle-mêle dans l'affaire des frégates (de Taïwan) les noms de Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin, Pal Sarkozy, le père de Nicolas, et Nicolas Sarkozy lui-même..."
Ayant appris, un an plus tard, sa propre mise en cause au côté de ces personnalités dans l'affaire Clearstream, M. Ambiel dit avoir compris "la nécessité pour M. de Villepin de ne pas laisser figurer cette page dans mon livre", concluant : "Il m'apparaît évident que cette phrase, innocente dans mon esprit mais prémonitoire, était la seule raison qui pouvait conduire M. de Villepin à demander le retrait de cette page". La page fut effectivement retirée du livre. M. Ambiel a déclaré avoir reçu de l'ancien premier ministre la confirmation que celui-ci n'avait "jamais été informé de l'existence des listings Clearstream" alors qu'il siégeait à Matignon.
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