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(Vidéo) Monastère de Boëge : vingt-quatre femmes vivent en silence

Au monastère des Montsvoiron, 24 femmes vivent coupées du monde. Reportage à 1370m d’altitude au sein de leur communauté silencieuse.

Temps de lecture: 3 min

Boëge

Vivre reclus et faire vœu de silence. Un choix de vie mystérieux pour les hyperconnectés que nous sommes. A Boëge, les vingt-quatre sœurs de Bethléem sont coupées du monde. Elles vivent à 1370m d’altitude au sommet de la montagne des Voirons. Lové au cœur d’une forêt luxuriante, le monastère des Montsvoirons offre un panorama époustouflant sur toute la chaîne du mont Blanc. Ces religieuses «ont répondu à l’appel de Dieu, à la vocation contemplative» et vivent sur un site dont l’histoire remonte au XVe siècle.

«Je rêvais de me marier»

Une pépite architecturale inconnue du grand public. Parmi ces femmes, sœur Anne Bruna, 53 ans, est la sœur prieur, la responsable de la communauté. Elle est soutenue par sœur Hostiane et sœur Jara dans l’organisation de la vie au monastère.

Sœur Hostiane a 41 ans. Cette grande brune aux lunettes et au large sourire est moniale depuis 13 ans à Boëge. «Auparavant, j’ai passé 10 ans à Paris pour étudier et enseigner le français dans un lycée», confie-t-elle. Sa famille était «très chrétienne» mais sa vocation lui est venue tard. «Ce n’est qu’à 27 ans que j’ai reçu un appel très fort alors que je rendais visite à une amie aux Montsvoiron. Je rêvais de me marier et d’avoir une famille nombreuse, je voyageais beaucoup, mais je ne pensais pas être heureuse de cette manière-là.», s’exclame-t-elle enjouée.

«J’aimais bien faire la fête»

La famille de sœur Jara était «très engagée dans l’Eglise» elle aussi. Mais la jeune femme a préféré emprunter «un chemin très personnel: j’aimais bien vivre, faire la fête, j’avais beaucoup d’amis, raconte l’Espagnole de 45 ans aux yeux malicieux. Je venais de finir mes études à Séville en psychopédagogie lorsque j’ai assisté aux Journées mondiales de la jeunesse à Paris. J’étais libre pour répondre à l’appel de Dieu.» Treize ans au monastère «et la fête continue!» s’enthousiasme la religieuse.

Au quotidien, ces femmes intégralement vêtues de blanc vivent dans un décor qui paraît figé dans le temps: la chapelle, le cloître, le sanctuaire, le réfectoire semblent avoir survécu à des siècles d’histoire.

Au quotidien dans une cellule…

Chaque sœur vit seule dans un tout petit chalet chauffé au bois nommé ermitage. Elles passent l’essentiel de leur temps dans cette cellule intimiste sans confort mais chaleureuse. «On prie, on travaille, on étudie et on y prend nos repas», explique la sœur prieur. Les religieuses sortent de leur isolement deux fois par jour pour participer aux prières. Elles récitent, se recueillent, chantent, mais n’échangent jamais un mot. Les seules conversations ont lieu dans l’atelier où elles travaillent le grès. «Si on a vraiment besoin d’expliquer une technique, on se parle mais sinon on s’échange des messages succins sur des petits papiers», s’amuse sœur Anne Bruna.

... mais pas totalement isolées

Une fois par semaine, le dimanche midi, elles se retrouvent toutes ensemble pour manger. Là encore, le silence est d’or. Il n’est brisé que par la lecture de la Bible. Cette façon de vivre, sans user de la parole, n’est pas synonyme d’isolement pour ces femmes. Le monastère accueille d’ailleurs du public: pour les messes mais aussi des personnes en retraite. «Beaucoup de choses peuvent se dire dans le silence. C’est un lieu de ressourcement vital, un moment de conversation intime avec Dieu mais on peut également être ensemble en silence. C’est une forme de parole que le monde est en train de perdre.»

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