Si le plan initial avait été respecté et que Stéphane Séjourné avait été la tête de liste de la majorité en vue des élections européennes, Valérie Hayer aurait été numéro deux derrière lui. Finalement, le secrétaire général de Renaissance est devenu, le 11 janvier, ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement Attal. Et l'eurodéputée sortante de 37 ans sera finalement, à l'issue de moult désistements, celle qui aura été choisie par le chef de l'État pour défendre les couleurs, le 9 juin, du camp macroniste.
Le 25 janvier, Valérie Hayer avait déjà succédé à Stéphane Séjourné à un autre poste : elle est devenue présidente du groupe Renew au Parlement européen. À Strasbourg, l'ancienne collaboratrice parlementaire a su se faire une place depuis 2019 et sa première élection. Cette année-là, elle était 19e sur la liste menée alors par Nathalie Loiseau. Durant son mandat, elle a notamment participé en première ligne aux négociations sur le plan de relance, décidé après la pandémie de Covid.
Dès cet automne, son nom figurait comme tête de liste possible pour la Macronie au milieu d'un nombre incalculable d'hypothèses. Début octobre, au campus de rentrée organisé par Renaissance à Bordeaux, son intervention avait été très remarquée. Au sein du parti présidentiel, elle bénéficiait de fervents soutiens. La trentenaire est également proche de Gabriel Attal.
Dorénavant, Valérie Hayer va devoir faire ses preuves. Pour elle, ce sera un sacré défi. Fille d'agriculteurs de Saint-Denis-d'Anjou, en Mayenne, où elle a toujours ses attaches, elle est inconnue du grand public. Dans le camp présidentiel, on veut croire que ce déficit de notoriété ne sera pas insurmontable : les européennes ne sont-elles pas la seule autre élection, avec la présidentielle, où les candidats ont leur visage affiché sur tous les murs de France ? Sur le papier, elle peut également apparaître insuffisamment expérimentée. « Elle est solide. C'est un pari moins risqué que Nathalie Loiseau, car elle a une culture politique. Elle n'improvisera pas », rétorque Patrick Mignola, vice-président du MoDem. « Elle n'a pas l'habitude des campagnes et des télés. Ce n'est pas parce qu'elle est fille de paysans que ça en fait quelqu'un de très politique », redoute un haut gradé de la Macronie.
Dès cet automne, son nom figurait comme tête de liste possible pour la Macronie au milieu d'un nombre incalculable d'hypothèses
Durant cinq années, Valérie Hayer a pu observer de près ceux qu'elle va désormais affronter. Le PS Raphaël Glucksmann, la LFI Manon Aubry ou l'écologiste Marie Toussaint siégeaient à ses côtés depuis 2019. Venue du centre droit (elle a fait ses premiers pas à l'UDI), cette ex-collaboratrice de Jean Arthuis a notamment trouvé que, bien souvent, les votes de François-Xavier Bellamy, la tête de liste LR, étaient proches de ceux du RN. Mais c'est bien évidemment Jordan Bardella qui sera son premier adversaire. « La réalité des votes RN, ce sont concrètement des votes pro-Russes, anti- Ukraine, anti-LGBT, anti-droit des femmes », dénonçait-elle ainsi à l'automne dernier. Ces prochaines semaines, ce sera son premier argument sur les tréteaux et les plateaux face à celui qui fait de loin la course en tête dans les sondages. Désormais, c'est sur ses épaules que va reposer une partie du sort de la majorité.