Montbéliard | Festivités Le cor des Alpes, mégaphone des montagnes
Ce n’est pas le genre d’instrument qui peut entrer d’un seul tenant dans une voiture, même dans un break. À moins d’entrebâiller le hayon et de le laisser pendre bien au-delà du pare-chocs.
Fabriqué en bois d’épicéa, le cor des Alpes ne pèse que 4 kilos, mais il mesure 3,60 m. « On peut le démonter en trois morceaux », rassure Robert Scotton, directeur musical des Sonneurs de Savoye, un ensemble formé à Annecy il y a une vingtaine d’années. La question du transport ne se pose donc pas.
Mais c’est une fois assemblé que cet instrument de musique de la famille des cuivres - « un instrument magique », loue-t-il - déploie toute sa majesté et fait entendre ses sonorités bien caractéristiques, immédiatement identifiables.
Quatorze notes, trois octaves
Avec lui, on ne peut jouer que les harmoniques naturelles, soit quatorze notes sur trois octaves. La dextérité du joueur est primordiale pour charmer l’auditoire : tout dépend de la modulation de la pression de l’air dans le tube et de la position des lèvres sur l’embouchure.
Il faut aussi une qualité d’air ambiant spécifique pour que le cor des Alpes puisse s’exprimer pleinement. « Un temps brumeux comme aujourd’hui, froid et humide, c’est parfait », se réjouit Robert Scotton peu après que les Sonneurs de Savoye ont égayé l’inauguration, samedi 23 novembre, de la 33e édition des Lumières de Noël de la Cité des Princes. « Le matin ou le soir, par temps calme et en l’absence de vent, on peut l’entendre à cinq ou six kilomètres. »
À l’origine, un instrument de communication
Les premières traces de cet instrument, en Suisse centrale, remonte au milieu du XVIe siècle (il a fallu attendre le XIXe siècle pour qu’il apparaisse en France). Il a d’abord été utilisé pour communiquer à distance en montagne, d’un flanc de vallée à un autre.
« Il y avait toute une série de mélodies, par exemple pour informer que quelqu’un était malade ou venait de mourir, qu’on venait d’achever la fabrication du fromage, qu’on allait se rendre au marché le samedi suivant ou pour alerter d’un danger », rappelle Robert Scotton.
Il complète : « Autrefois, on jouait quelques notes pour indiquer aux vaches, occupées à brouter dans les alpages, qu’il fallait rentrer à l’étable pour la traite. »
Il continue d’inspirer les compositeurs
Anciens lauréats du Festival international de cor des Alpes de Nendaz (canton du Valais), Les Sonneurs de Savoye se produisent régulièrement dans des fêtes locales ou des festivals, en France, en Italie et en Suisse.
Si le répertoire du cor des Alpes est bien étoffé (il a inspiré Leopold Mozart, le père d’Amadeus, et Johannes Brahms), on continue aujourd’hui à composer pour cet instrument. Robert Scotton, par exemple, se plaît à ciseler de nouvelles partitions.
La Savonnerie L’Essentielle ne vous veut que du bien
Christelle Sibuet est incollable sur les plantes de montagne et leurs vertus médicinales. À Cléry, un village de 400 âmes situé au-dessus d’Albertville, elle en fait des savons, depuis 2009, avec son mari Laurent en recourant à la méthode de la saponification à froid.
Le savon aux orties ? « Très efficace pour les peaux sèches et pour calmer les démangeaisons de type eczéma et psoriasis ». Le savon à l’origan ? « Un puissant antiseptique, parfait pour les peaux grasses et soigner l’acné ». Le savon au calendula (souci officinal) ? « Il a des propriétés cicatrisantes et adoucissantes. » Tous ces produits, et bien d’autres, sont en vente sur le marché de Noël.
Avec le calendrier lunaire
Les plantes utilisées par le couple sont, soit cultivées dans leur jardin (mélisse des Vosges, calendula, mauve, ortie, consoude), soit prélevées directement dans la nature (l’arnica et l’origan). « La récolte se déroule entre fin juin et septembre », précise Christelle qui tient compte du calendrier lunaire (positionnement des planètes) : elle coupe les plantes au moment précis où leurs propriétés s’expriment avec le plus de puissance.
Certaines plantes (orties) sont transformées en savon quand elles sont encore fraîches ; d’autres (origan) sont d’abord mises à sécher pour être employées dans l’année ; d’autres encore (calendula) doivent au préalable macérer au soleil dans de l’huile de tournesol durant trois à quatre semaines.
Démarche écologique globale
Dans une autre vie, Christelle a été ingénieure de production. L’idée de cette activité professionnelle a germé au Québec où elle a vécu quelques années avant de revenir en France. « Là-bas, j’ai rencontré une savonnière qui démarrait son activité. Cela m’a tout de suite intéressée. »
C’était aussi l’époque de la naissance de ses enfants. « Je me souciais beaucoup de ce que je pouvais leur donner à manger et mettre sur leur peau. Les gels douches industriels sont des produits chimiques toxiques, à la fois pour nous et pour l’environnement. »
Ses savons (de 5,50 à 5,80 euros les 100 grammes) sont tous biodégradables. Elle a commencé à les fabriquer pour un usage familial avant de créer son entreprise. Baptisée Savonnerie L’Essentielle, celle-ci est aujourd’hui labellisée Nature & Progrès (certification d’une démarche écologique globale).
Site internet : www.savonneriesavoie.fr ; adresse mail : contact@savonneriesavoie
A.B.