CYCLISME Le champion suisse Ferdi Kübler s'éteint à 97 ans

Successeur de Fausto Coppi au palmarès, il était le premier Suisse à avoir remporté le Tour de France en 1950 et incarnait, avec Hugo Koblet, la domination du cyclisme suisse au début des années 1950 sur la Grande Boucle : Ferdi Kübler s'est éteint jeudi à l'âge de 97 ans.

Coureur tempétueux et fier, l’aigle d’Adliswil, qui demeure le coureur le plus âgé ayant vaincu sur le Tour, avait enrichi par cette victoire spectaculaire (9 min 30 sec d’avance sur le Belge Stan Ockers) un palmarès impressionnant à une époque passant pour être l’âge d’or du cyclisme.

Légende du cyclisme helvétique, le Zurichois avait décroché, outre son sacre sur le Tour de France, un an avant son rival et compatriote Hugo Koblet, le titre mondial sur route en 1951, ainsi que à deux reprises la classique Liège-Bastogne-Liège, trois fois le Tour de Suisse, et deux fois le Tour de Romandie. 

Né en 1919, « Le Fou pédalant » avait dû passer l'essentiel du début de sa carrière en Suisse, à cause de l'occupation nazie sur la majeure partie de l'Europe. Ce sont finalement ses multiples succès dans son championnat national (cinq fois entre 1948 et 1954) ou sur les Tours de Suisse (1942-1948-1951) et de Romandie (1948-1951) qui vont lui mettre le pied à l'étrier. 

Dopage or not dopage ?

Après ça, avec son incroyable énergie lui permettant d'être souvent à l'attaque, Ferdi Kübler rencontre le succès dans sa discipline, et devient par la même une figure helvétique, devenant par exemple le beau-frère de l'écrivain Boris Vian, qui épouse sa soeur. 

Pourtant, il restera, dans sa rivalité avec l'élégant Hugo Koblet, jamais avare d'un sourire, d'un bon mot et d'un coup de peigne avant la ligne d'arrivée, comme la figure conservatrice, hargneuse et laborieuse. Pire, après son abandon dans le Ventoux en 1955, où il prononça les mots : "Ferdi s'est tué dans le Ventoux !", des produits dopants et des seringues sont retrouvés dans sa chambre. 

Ce qui ne l'empêchait pas d'assurer, en 2008 dans une interview accordée au journal allemand Bild, ne s'être jamais dopé de toute sa carrière. Kübler, devenu fleuriste, était resté très populaire en Suisse. Au point de faire figure, bien avant que ce terme soit à la mode, de véritable icône publicitaire dans son pays.

Un maigre lot de consolation pour celui qui reconnaissait avoir souffert de devoir arrêter sa carrière en 1957: «Ne plus être sur le Tour ni sur un podium, c’est ne plus être nulle part. Cela m’a fait mal. Elle passe trop vite, la vie.»