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Économie

"Ambiel envoie un message à Villepin"

Reportage Challenges.fr Marquée par de nombreuses défections d'avocats, l'audience du procès Clearstream n'a duré qu'une heure, mercredi matin.
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Dominique de Villepin
(c) Sipa

CERTAINS avocats qui devaient plaider sont absents. Des confrères les appellent à leur cabinet. D'autres arrivent à l'audience pour entendre le président Pauthe leur lancer: "Etes-vous prêts à plaider, maître ? - Ah non, je devais plaider cet après-midi, je n'ai pas mon dossier sur moi". Désoeuvrés, des prévenus papotent avec leurs avocats ou avec la presse -l'occasion d'entendre, de la bouche de Florian Bourges, qu'Imad Lahoud, actuellement professeur de mathématiques dans le civil, profiterait à l'occasion des audiences pour préparer ses cours...

Bref, en ce mercredi 14 octobre, alors que se termine la quatrième semaine du procès Clearstream, c'est presque relâche à la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Bilan de la matinée: deux suspensions et une petite heure d'audience. "Ca fait un peu désordre", admet l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, qui lui est bien présent. "Vous pourriez peut-être plaider, maître ?", lance un des conseils de Dominique de Villepin. Rires dans la salle: la plaidoirie de cette "hyper partie civile", pour reprendre le mot d'Edwy Plenel, est prévue lundi après-midi et devrait attirer la foule des grands jours.

Trois avocats ont quand même eu le temps de plaider leur dossier. Me Meyer, pour Alain de Wulf, ancien DG de Paribas et ancien cadre d'EADS, a jugé que la présence du nom de son client sur les listings constituait une "manière de les crédibiliser", en raison de sa bonne connaissance des banques luxembourgeoises. "Mis à la porte d'un monde qu'il connaissait bien parce que son nom était présent sur les listings", Alain de Wulf réclame un euro symbolique et les condamnations que le tribunal jugera utile. Au cours d'une très courte plaidoirie, Me Haïk, l'avocat de Fabien Baussart, un dirigeant de holdings cité dans le listing, juge lui que "le travail judiciaire n'a pas abouti. Le minimum, c'est qu'on puisse comprendre le mécanisme qui amène au statut de victime". Il réclame également que la justice arrête de prendre en compte les dénonciations anonymes.

La plaidoirie la plus longue, au final, a été l'œuvre de Me Binet, l'avocat de Dominique Ambiel, l'ex-conseiller de Jean-Pierre Raffarin. Il a réclamé la condamnation de Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, mais a surtout abordé en longueur le cas Dominique de Villepin, sur la culpabilité éventuelle duquel il ne souhaite pas se prononcer, mais à qui son client veut adresser un "message". Ce dernier est transmis par petites touches impressionnistes. Me Binet note que le nom de Dominique Ambiel a disparu des listings quand ceux-ci ont été envoyés au juge Van Ruymbeke, époque où il n'occupait plus de responsabilités politiques. Il reproche au cabinet de Dominique de Villepin, à l'époque ministre de l'Intérieur, d'avoir fait fuiter l'histoire de l'interpellation du conseiller en compagnie d'une prostituée mineure, en avril 2004: une affaire qui l'a poussé à la démission, et où il a été condamné à 2.500 euros d'amende en 2006. Il cite des passages du livre de son client, Fort Matignon, où "Néron"-Villepin tempêtait contre Nicolas Sarkozy: "Il veut être le seul candidat à la présidentielle 2007. Nous l'en empêcherons !". Il lui reproche, enfin, d'avoir fait suspendre Dominique Ambiel de l'ordre national du mérite par décret, à quelques heures de son départ de Matignon, en mai 2007. Conclusion: "Je ne sais pas si vous êtes innocent ou coupable, mais j'estime que la tâche ne sera pas facile pour vos avocats". Reprise de l'audience à 14 heures, avec notamment les plaidoiries de Me William Bourdon, pour l'entrepreneur François Gonthier, et de Me Jean-Pierre Mignard, pour Edwy Plenel et Gilbert Flam.

par Jean-Marie Pottier, journaliste à Challenges.fr, mercredi 14 octobre.

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