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Voiliers mythiques : Le Muscadet

Dans la grande famille des voiliers construits en bois des débuts de la plaisance, le Muscadet occupe une place tout à fait unique. Objet d’un enthousiasme jamais démenti, ce sympathique petit croiseur fait l’objet d’un programme de régate chargé et rassemble des propriétaires passionnés. Que lui trouvent-ils tous, à ce Muscadet ?

Voiliers mythiques : Le Muscadet

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Ancien stagiaire puis moniteur de voile aux Glénans, l’architecte des Muscadet, Philippe Harlé, transmit au Muscadet une certaine idée de la voile.
Simplicité, d’abord, car ce qui est simple est aisé à comprendre et à maintenir.
Qualités marines, car ce sont les qualités marines qui intéressaient le moniteur de voile davantage que l'habitabilité d'une caravane.
Assez fortement toilé, fin à la barre, léger, les Muscadet concourent à une vingtaine de régates chaque année.
Mais un Muscadet, c’est aussi un redoutable engin de charme : c’est l’évocation d’une époque révolue où la simplicité et l’efficacité prévalaient sur un aspect extérieur flatteur et un confort pléthorique.

Plus de la moitié des Muscadet navigue toujours

Philippe Harlé, célèbre aussi pour ses Armagnac, Cognac, et autres Coquelicot, dessina aussi les Sangria (3000 exemplaires) et Fantasia (1500 ex) pour Jeanneau (lire notre article sur le Jeanneau Sangria)
A l’époque du lancement du bateau, en 1963, l’idée était de proposer un voilier économique (contreplaqué), simple, marin, aussi à l’aise en petite croisière qu’en régate.
Construits à plus de 700 exemplaires par les chantiers nantais Aubin, près de 450 Muscadet naviguent toujours. Certains ont traversé l’Atlantique avec la mini transat, d’autres, comme celui de Birgit Habelt, ont rejoint, par la mer, les lagons tahitiens, tandis que la plus grande partie navigue entre manche et nord Bretagne.

Un poids léger toilé

Avec 6,40 m de longueur pour 2,20m de largeur et 1200 kg lège, le Muscadet ne souffre d'aucun embonpoint.
On peut le comparer à un des rares petits croiseurs de la production actuelle, le TES 550. Si les longueurs sont comparables, le Muscadet pèse quelque 200 kg de moins et surtout emporte 25% (5 m²) de surface de voile supplémentaire.
Plus léger et plus toilé, tout s'explique !

Un voilier construit simplement

La construction en contreplaqué constituait au début des années 1960, une alternative économique au polyester balbutiant et nécessitant d'onéreux moules.
Une coque de Muscadet est réalisée principalement en contreplaqué de 9 à 12 mm d’épaisseur. C’est l’assemblage d’un lest en fonte, boulonné sur une quille en bois massif, d’un squelette de lisses, de varangues, tout en bois massif, de bordés et d’un pont en contreplaqué marine.
Les bordés (deux par bord) sont collés et cloués entre eux et à la quille sur des lisses horizontales. Le pont, également en contreplaqué, vient se coller et visser sur le bordé supérieur.
Ces éléments, réalisés principalement en contreplaqué pouvaient aussi être débités à la scie sauteuse par un amateur.
Le tout est ensuite enduit et peint.
A l’intérieur, 4 couchettes, un réchaud, une table à carte et… un seau !
Le mât est posé sur le pont et la reprise des efforts se fait via deux épontilles latérales. Doté d’une paire de barres de flèche, d’un étai, un pataras, haubans et galhauban, les mats sont en spruce (pin douglas) ou en aluminium.
Une chaise relevable reçoit un moteur hors bord de 3,5 HP bien utile pour se faufiler dans un port.

L’essentiel, rien que l’essentiel

De quoi a-t-on vraiment besoin à bord d’un voilier de croisière ?
D’un bateau marin, pas piégeur, qui permette de dormir à bord, équipé d’un réchaud, d’un seau et d’un peu de courant.
Les bandeaux de leds au sol, l’éclairage sous-marin, les enrouleurs et winches électriques, la climatisation et autres WC électriques ont-ils vraiment leur place sur un voilier ?
Doit-on absolument disposer du même niveau de confort qu’à terre ? Quelle est la place, sur les gros croiseurs modernes et suréquipés, laissée au dépaysement d’une agréable simplicité ? Bien peu en réalité.
C'est tout l’inverse sur un Muscadet.
On vit à bord au plus près de l’eau, on se faufile dans un trou de souris grâce à son tirant d’eau réduit à 1,10 m en version quillard et son bau de 2,20 m, et on se contente, avec une joie immense, de ce tête à tête avec la mer.

Un vrai voilier

Mais n’allez pas imaginer le Muscadet comme un voilier débonnaire et paresseux ! Doté d’un génois de 14,4 m², d’une grand voile de 10 m², d’un solent -les Muscadettes l’appellent l’Inter- de 10 m², il monte près de 25 m² de surface de voile au près.
Au débridé, le Muscadet atteint facilement les 6 nœuds et dépasse, sous spi, facilement les 8 nœuds pour atteindre les 10 nœuds entre des mains expertes.
Pas mal pour un petit croiseur !

La renaissance du Muscadet

Un important programme annuel de régates de classe rassemble près de 100 Muscadet.
Devant ce succès, le chantier nantais Brava, en collaboration avec l'Association des Propriétaires de Muscadet (APM) et les ayant-droits de l'architecte, a entrepris la réalisation d'unités neuves dont la première a touché l'eau en Septembre 2020. A quelques, invisibles, détails près, ce Muscadet est similaire à l'original.
Il faut compter près de 60.000 € pour un Muscadet Brava tout équipé, prêt à partir.
Sur le marché de l'occasion, un exemplaire de Muscadet des années 1979, parfait état, s'échange contre 15.000 € accompagné de sa remorque, ou 8.000 € pour un bateau dans un état moyen.

Acheter un Muscadet, c'est disposer d'un voilier attachant offrant des sensations similaires à celles de la voile légère, capable de virer au ras des bouées mais aussi d'emmener son équipage en croisière.

Vous reprendrez bien un petit Muscadet ?

 

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