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Monument à Adolphe Billault Bus

1932

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (2/2)


Le 25 décembre 1891, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul est inaugurée. La croisée du transept et le chœur romans ont été reconstruits dans un style gothique. 457 années auront été nécessaires pour construire cette cathédrale souhaitée par le duc Jean V.

L’achèvement de la la cathédrale est acté

La signature du Concordat en 1802 marque le rétablissement du culte et la reprise du chantier. Tout au long du 19e siècle, les travaux engagés dans la cathédrale sont soumis aux contrôles et autorisations de l’administration. La remise en état du décor intérieur est engagée dès le début du 19e siècle. Le tombeau du duc François II et de son épouse Marguerite de Foix, auparavant situé dans l’église du couvent des Carmes, est installé dans le bras sud du transept en 1817. À partir de 1850, un véritable programme iconographique didactique donnant les clés de compréhension de la religion catholique et de l’histoire du diocèse est entrepris. Ainsi, les deux premiers piliers de la nef sont ornés des statues de saint Clair, saint Félix, Jean V et l’évêque Jean de Malestroit. Ce programme est appliqué à la statuaire, mais aussi aux verrières où coexistent saints locaux et personnages emblématiques de la Bible.

Au-delà de la restauration du mobilier et des décors intérieurs, l’achèvement de la cathédrale est actée. Pour pallier au manque de places réservées aux hommes, un projet de construction d’une chapelle est proposé à Jean-Charles Persil, ministre de la Justice et des Cultes. Ce dernier répond qu’il serait préférable de mener un projet plus ambitieux, celui de terminer la construction de la cathédrale, initiée 400 ans plus tôt. C’est dans le cadre d’une politique qu’on qualifierait aujourd’hui de patrimoniale, illustrée par la création de l’administration des Monuments historiques  et une politique de grands travaux initiée par le ministère des Cultes, que ces travaux s’inscrivent.

Des travaux lents et conflictuels

L’architecte Saint-Félix Séheult dessine en 1835 un projet de transept et de chœur gothique, retoqué. par le Conseil des Bâtiments Civils qui autorise seulement l’achèvement du bras nord du transept. À la place du chevet sera construit un mur parallèle à la façade de la cathédrale. Face à la complexité du chantier, unique dans la région nantaise, les entrepreneurs ne sont pas nombreux à répondre à l’appel d’offre. C’est finalement l’entrepreneur Garreau qui est retenu.

La perspective de voir l’église s’achever par un mur inquiète les autorités locales. Par chance, le duc de Nemours, fils du roi Louis-Philippe, est de passage à Nantes. L’évêque lui fait visiter le chantier et le convainc de soutenir le projet d’achèvement du chevet qui est finalement accepté par l’administration.

La révolution de 1848 et l’avènement de la Deuxième République interrompt le chantier. L’architecte Jean-Baptiste Lassus est envoyé à Nantes par le ministère des Cultes pour suivre le chantier. Dans un rapport, il critique le manque de réflexion sur le raccordement au niveau de la coupole entre la partie ancienne et la partie neuve de la cathédrale. Il dénonce aussi des dépenses anormalement surestimées par rapport au coût réel des travaux et un mauvais suivi du chantier. Seheult perd son poste d’architecte. L’administration refusant de payer Garreau, l’entrepreneur engage des poursuites judiciaires à l’encontre des pouvoirs publics et obtient réparation.

L’architecte Théodore Nau prend le poste d’architecte diocésain en 1849. Il propose un nouveau projet de reconstruction du chœur qui conduit à l’achèvement du bras nord du transept et de l’abside. Lorsque Félix Fournier devient évêque en 1870, il suscite des souscriptions qui se révèlent indispensables pour l’achèvement de l’édifice. Lorsque Nau décède en 1864, c’est Eugène Boismen qui prend la relève.

Un nouveau chœur gothique

Boismen estime que la coupole et le clocher sont en très mauvais état. Toutefois, les travaux avancent lentement, aucune décision n’est prise en dehors de l’aménagement d’un parvis et d’une sacristie provisoire. En 1856, Garreau, qui malgré ses différends avec l’administration poursuit sa mission sur le chantier, démissionne. En 1860, le bras nord du transept est finalisé et les travaux de l’abside ont malgré tout bien avancé. Finalement, le chœur roman est détruit en 1876. En 1884, Boismen démissionne. Il est remplacé par Louis-Charles Sauvageot, un architecte dont l’expertise en matière d’architecture gothique permet de pallier aux contraintes techniques et d’achever l’édifice.

Cette même année, la crypte romane est redécouverte et déblayée. Sauvegot propose de préserver ce dernier vestige de l’édifice roman. Toutefois, la construction de nouvelles voûtes est inenvisageable car le chœur serait bien trop surélevé. Il suggère qu’un plancher en fer couvre la crypte plutôt qu’une voûte. Il fait détruire le jubé et la coupole de la croisée du transept en parvenant à préserver la nef de l’effondrement. La croisée est finalement achevée en 1891 et la cathédrale est inaugurée le 25 décembre de la même année.

Fixée tout d’abord à 1 200 000 francs, l’achèvement de la cathédrale, qui aura duré plus d’un demi-siècle, se chiffre finalement à 4 500 000 francs.

Les campagnes de restauration du 20e siècle

Au début du 20e siècle, l’administration des Monuments historiques lancent plusieurs campagnes de restauration des parties anciennes qui présentent un état d’usure avancé. Face au degré de délabrement des matériaux anciens, une partie est remplacée par des matériaux neufs. Trois gâbles, c’est-à-dire les couronnements de forme triangulaire sculpté qui surmontent les portails de la façade occidentale, sont également ajoutés à cette période.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’édifice est endommagé par les bombardements du 15 juin 1944. La sacristie et trois des chapelles absidiales situées dans le déambulatoire du chœur sont détruites. Une partie des vitraux anciens est soufflée. Les travaux de restauration sont engagés dès la fin de la guerre. La sacristie est reconstruite à partir de 1961 tandis les chapelles sont isolées du reste chœur en attendant leur restauration qui n’intervient que dans les années 1970.

Le 28 janvier 1972, le monument subit un nouveau drame : un incendie accidentel ravage les charpentes du 16e siècle. Par chance, l’examen des voûtes montrent qu’elles n’ont pas subi de dégâts majeurs grâce à leur épaisseur exceptionnelle. La toiture est donc reconstruite avec une charpente en béton.

L’incendie de juillet 2020

En 1991, à l’occasion du centenaire de l’achèvement de la cathédrale, le bilan montre que les dommages causés par les bombardements de 1944 et l’incendie de 1972 ont été intégralement réparés. Cette même année, la crypte romane est ouverte au public. À l’occasion des travaux d’aménagement des abords du chœur, les fondations du mur d’enceinte de la ville datant du 17e siècle sont redécouvertes. La restauration de la façade occidentale est lancée, nécessitant d’importantes recherches dans les archives pour restaurer le plus fidèlement possible les éléments architecturaux.

Le samedi 18 juillet 2020, une nouvelle catastrophe ébranle le monument : de nouveau, un incendie se déclare, vers 8h du matin. Il faut deux heures aux pompiers du SDIS 44 pour le maîtriser. Le bilan est lourd : le grand orgue daté du 16e et 17e siècles est détruit, les vitraux de la grande baie de la façade fortement endommagés, une partie des stalles (sièges dédiés au clergé) et le tableau Saint Clair guérissant les aveugles d’Hippolyte Flandrin ont brûlé. Le déblaiement des débris et les opérations de dépollution et de nettoyage ont été engagés. La réouverture partielle de la cathédrale est envisagée pour fin 2023, bien que le monument sera toujours en travaux.

Noémie Boulay
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2021



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En bref...

Localisation : Saint-Pierre (place), NANTES

Date de construction : 1434

Auteur de l'oeuvre : Dammartin, Guillaume (architecte), Rodier, Mathelin (architecte) ; Seheult, Saint-Félix (architecte) ; Nau, Théodore (architecte) ; Boismen, Eugène (architecte) ; Sauvageot, Louis-Charles (architecte)

Typologie : architecture religieuse

En savoir plus

Bibliographie

Guillouët, Jean-Marie, « Le chantier de la cathédrale et son insertion dans le réseau des circulations urbaines à la fin du Moyen Âge », dans Nantes flamboyante (1380-1530) : actes du colloque organisé par la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique au Château des ducs de Bretagne, Nantes 24-26 novembre 2011, Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, Nantes, 2014, p. 97-107

Haugommard, Stéphane, « La cathédrale de Nantes : exception ou modèle ? », dans Les églises du diocèse de Nantes au 19e siècle : des édifices pour le culte, des monuments pour une reconquête, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2015, p. 217-272

Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Pays de la Loire, La cathédrale, Nantes : Loire-Atlantique, L'Inventaire, Paris, 1991 (Images du patrimoine)

James, Jean-Paul (dir.), Nantes, la grâce d'une cathédrale, Nuée bleue, Strasbourg, 2013

« Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes », Les cathédrales de l’ouest de la France, 303, arts, recherches, créations, n°70, 2001, p. 6-57

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Néogothique Église

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Rédaction d'article :

Noémie Boulay

Anecdote :

Noémie Boulay

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