Le personnage de Martine a accompagné plusieurs générations de petites filles et il n'a pas pris une ride en 69 ans d'existence. Avec l'animateur Martin Labrosse, la journaliste Marie Fradette raconte comment Martine a capté l'attention des filles de 2 à 7 ans.
L’éditeur belge catholique Casterman, connu pour Tintin, crée Martine en 1954, avec le concours de l’auteur Gilbert Delahaye et de l’illustrateur Marcel Marlier. La littérature jeunesse de cette époque est « très sage, très conservatrice » et offre « une vision traditionnelle et idéalisée de la famille ». Également, la littérature jeunesse française veut contrer les bandes dessinées américaines, jugées vulgaires et violentes.
Martine a près de 10 ans et est « une petite fille bien élevée, qui est souriante, polie, sage, obéissante ». Ses parents – une mère au foyer et un père au travail –, ses frères, son chien Patapouf et son chat Moustache l’entourent dans ses « aventures inspirées de la vie quotidienne ».
Selon l’autrice Laurence Boudart, que cite Marie Fradette, Martine « correspond aux critères adoptés par une partie de la société, qui va consentir à donner une place plus grande à la femme, sans pour autant bouleverser sa structure de fond en comble ». Chez elle, on retrouve toujours une morale, des valeurs éducatives et de l’aventure.
« Martine, sa grande force, c’est qu’elle ne s’est jamais accrochée aux tendances », résume Marie Fradette. Elle a continué à évoluer dans le temps, même si ses créateurs ont apporté de légères modifications à la série. Ainsi, durant les années 1970, Martine se trouve plus dans l’action, et durant les années 1990, l’imaginaire fait davantage partie de sa vie; elle invente ses propres histoires.
En tout, la soixantaine de livres de la série se sont vendus à plus de 110 millions d’exemplaires en français, et à 40 millions en langue étrangère. Marie Fradette explique comment Martine marque encore les lectrices et la littérature. « Elle est restée elle-même », affirme la journaliste.